Déclaration CAPD 9 avril 2021

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Mesdames, Messieurs les membres de la CAPD,

Depuis maintenant un peu plus d’un an, les enseignants, tout comme l’ensemble de la population, subissent les conséquences dramatiques et révoltantes d’un « Etat d’urgence sanitaire » sans cesse prolongé. Un an que nous sommes sous un régime d’exception qui permet d’engager une offensive sans précédent contre les travailleurs du privé comme du public, et qui donne des pouvoirs exceptionnels au gouvernement avec un arsenal de mesures répressives et liberticides.

Instrumentalisant cette situation inédite, le gouvernement multiplie les remises en cause de nos droits et de nos libertés. La loi de sécurité globale et la loi sur les séparatismes en sont deux sombres exemples.
Le « sanitaire » ? Visiblement, le gouvernement estime que les applaudissements aux soignants suffisent, puisqu’en dépit de la situation, il continue à fermer des lits. Depuis un an, le gouvernement n’a non seulement pas créé de lits d’hôpitaux, mais il continue à en fermer, comme il ferme des services ou des hôpitaux entiers, à l’Hôtel Dieu ou Bichat et Beaujon à Paris notamment. Demander aux citoyens de gratifier les personnels qui sauvent des vies par des applaudissements semble être la seule chose que le gouvernement entend proposer.
Peut-il en être de même dans les Conseils d’administration des entreprises du CAC 40 ? Des applaudissements à la place des dividendes ! Voici, une proposition intéressante…
Dans les écoles, depuis le début de la semaine, les enseignants assurent un enseignement à distance. Après de longues semaines rythmées par des journées éreintantes (port du masque toute la journée, effectifs pléthoriques dans les classes, couvre-feu, autorisation de déplacement…) les enseignants se voient imposer la modification des dates des vacances. Et tout comme à l’automne dernier, ces « congés », ils devront les passer confinés dans un rayon de 10 km maximum. Monsieur Jupiter est trop bon. Cela s’apparente davantage au bracelet électronique des prisonniers qu’au « Club Med ». En matière de congés, il y a mieux…
Concernant la revalorisation salariale, comme les hospitaliers, les enseignants ont assuré leur mission et continuent de le faire tout le long de la pandémie alors que nous manquons de tout. La FNEC-FP FO revendique la prime de 183 € pour eux également. Quant au Grenelle, présenté à grand coup de pub, la FNEC-FP FO estime intolérable que 70 % des enseignants ne bénéficient de rien, et le restant d’une pseudo revalorisation indigente.
La fermeture des écoles ne compte qu’une responsable : la politique menée par le gouvernement et ses membres. Le chaos qui règne dans les écoles et les hôpitaux est le résultat de la politique du gouvernement qui s’obstine dans son refus d’ouvrir les lits d’hôpitaux, les postes et les classes, tous indispensables, tout comme il multiplie les déréglementations.
Dans « la Tempête », le grand Shakespeare prêtait ce propos à Ferdinand : « l’Enfer est vide, tous ses démons sont ici ». Il a mille fois raison.

Le gouvernement débloque 600 milliards d’euros au titre de son plan de relance à des entreprises qui pour certaines continuent de licencier, et M. Blanquer vole aux enseignants et à notre administration 212 millions et demi d’euros pour les restituer à Bercy ; dans les écoles, la politique d’austérité continue de s’appliquer, plaçant des établissements dans des situations insupportables, intenables.
Deux cent douze millions et demi d’euros ce sont 7083 salaires de 30 000 €.

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Contrairement aux propos répétés trop souvent, les enseignants ne sont pas les responsables de la propagation du virus dans les écoles lors du déjeuner ou de la pause-café. Le responsable de cette situation et de la fermeture des écoles est M. Blanquer qui depuis plus d’un an, refuse de prendre les mesures urgentes et nécessaires pour le respect des conditions de travail et le droit à l’instruction des élèves.
Le chaos était inévitable parce que M. Blanquer refuse méthodiquement de recruter les enseignants nécessaires pour pourvoir les remplacements, alléger les effectifs, ouvrir les classes revendiquées, ne pas en fermer.
Quant aux protocoles, tous plus inapplicables les uns que les autres, ils n’ont vocation qu’à protéger le ministre et faire porter la responsabilité sur les enseignants. C’est inacceptable.
Et pour franchir le Rubicon de la déréglementation, M. Blanquer entend généraliser et imposer le télé-enseignement qui ne repose sur aucun texte réglementaire et ne peut être effectué que sur la base du volontariat et après mise en œuvre des consultations réglementaires.
Dans ce contexte, la colère des enseignants est plus que jamais présente et les mobilisations se multiplient.
Il est plus que jamais d’actualité de procéder au le recrutement d’enseignants sous statuts pour remplacer les personnels absents, de baisser les effectifs d’élèves dans les classes.
Il est plus que jamais d’actualité d’assurer une augmentation générale des salaires, d’abandonner les remises en cause du statut qui sont prévues par le « Grenelle », d’abandonner le projet de loi Rilhac visant à instaurer un statut de directeur d’école supérieur hiérarchique. Ces projets tout comme celui des retraites sont tous largement rejetés par la profession.

Pour finir, concernant l’ordre du jour de cette CAPD, nous tenons à rappeler que, contrairement à d’autres organisations syndicales, FO n’a pas signé PPCR. Le temps et la réalité nous montrent que nous avions raison.
Avec PPCR, c’est l’abandon de critères objectifs, de promotions basées sur des critères transparents et contrôlables, pour leur substituer l’opacité, l’arbitraire et le règne des quotas…
Avec PPCR, les enseignants ne rentrant pas dans le microquota autorisé par Bercy ne pourront être estimés « excellents ». Imaginez un monde formidable où les enseignants rempliraient les LSU avec des quotas. « Pierre, tu as toujours tout juste, mais je te mettrai seulement “en cours d’acquisition” car j’ai déjà marqué “acquis” à 20 % de la classe. »
Quel inspecteur accepterait ce type d’évaluation ? Aucun, osons-nous espérer !
C’est pourtant ce système d’évaluation qui est mis en place par PPCR.
Les collègues subissent des conditions de travail dégradées, un point d’indice gelé, une absence de revalorisation salariale, des vacances confinées et « grâce » à PPCR leur appréciation peut baisser pour une raison de « ratio ». Bravo PPCR !
Les collègues apprécient à n’en pas douter !

Nous conclurons en vous rappelant notre revendication d’abrogation du décret du 5 mai 2017 fixant les modalités du rendez-vous de carrière, l’abandon de PPCR, l’abrogation de la loi de Transformation de la Fonction Publique et le rétablissement de l’ensemble des compétences des CAPD.