Déclaration FO au CDEN du 9 décembre














Monsieur
le Directeur académique,


Mesdames
et messieurs les membres du CDEN,




Ce
CDEN, sur les rythmes scolaires, se réunit après l
a
grève et les manifestations du 5 décembre pour la
suspension
de la réforme des rythmes scolaires, le
retrait du décret Peillon la mettant en place et la
territorialisation de l’école qui découle de
la loi de refondation
. Elles confirment et prolongent
l’immense mobilisation du 14 novembre faisant suite à
une année de mobilisation des personnels enseignants et
territoriaux des écoles. Des
délégations d’enseignants
du second degré,
étaient présentes et ont exprimé le refus des
projets modifiant les statuts des personnels du second degré,
modifiant leurs obligations de service
et remettant en cause notamment les décrets de 1950.

Les
2 et 4 décembre, les professeurs de classes préparatoires
ont fait grève et manifesté pour rejeter la remise en
cause de leurs garanties statutaires et de leur traitement annoncés
par le projet du ministre. Ce 9 décembre, ils sont en grève
avec leurs organisations syndicales, FO, SNES, SNALC, avec leurs
associations, pour en exiger le retrait.



Le
12 décembre prochain, à l’appel de leurs
syndicats (FO, CGT, FSU, UNSA, Solidaires), les personnels de
l’Enseignement supérieur seront en grève contre
l’austérité appliquée à
l’Université par la loi Fioraso et les décisions
des présidents d’universités
la mettant en œuvre.





Monsieur
le Directeur académique,





Chaque
enseignant, chaque personnel territorial enregistre que les nouveaux
rythmes scolaires augmentent sa charge de travail et en dégrade
les conditions. Sur le terrain, on observe des temps perdus
multipliés, des réunions surajoutées, des
déplacements augmentés, des temps de préparation
de plus en plus entrecoupés, une présence dans les
écoles toujours plus importante, une prise en charge racornie
pour les soins et l’enseignement adapté aux élèves
en difficulté. Les durées de vie en collectivité
sont augmentés pour tous, pouvant atteindre 47 heures pour
certains enfants.

Ce qui fatigue les enfants, ce n’est pas la
classe, ce ne sont pas les apprentissages, ce sont les conditions
d’existence que doivent supporter enfants et personnels
travaillant dans les établissement scolaires surchargés,
trop exiguës, sans l’encadrement suffisant. Ceci est vrai, y
compris à Toulouse, où des commentateurs dits avisés
prétendaient que rien ne changeait. Je rappelle qu’il faudrait
créer 387 postes dans le 1er degré en Haute-Garonne
pour revenir au taux d’encadrement de 2008 et que le gouvernement a
dégradé les normes d’encadrement par animateur de 4
enfants. En quoi allonger les temps collectifs et réduire les
moyens humains qualifiés pourrait-il améliorer les
apprentissages ?





Monsieur
le Directeur académique,





L’ensemble
des personnels rejette les mesures du ministre, tout comme l’ensemble
des personnels rejettent ses propos provocateurs opposant les
catégories les unes aux autres, opposant les professeurs les
uns aux autres, sur la question des revenus entre autres ; sur
ce point, FO tient à souligner que ce qui est anormal ce n’est
pas le niveau de rémunération des enseignants des
classes préparatoires, mais bien la paupérisation
croissante des enseignants eu égard à leur
investissement professionnel et leur niveau de qualification. Leur
salaire moyen ne dépasse pas 2200 euros, le début de
carrière se situent à 1650 euros avec une baisse
constatée des salaires, conséquence de la hausse des
cotisations et de leur blocage pour la 5eme année.





Monsieur
le Directeur académique,




Les
personnels veulent être entendus. Ils défendent leurs
statuts, ils défendent leur conditions de travail, ils
défendent leurs salaires, ils défendent le service
public républicain. Ils n’acceptent plus les fins de
non-recevoir, ils n’acceptent plus le refus de négocier
opposé par le ministre, ils n’acceptent plus que leur
expertise soit rejetée. Le Ministre en ne répondant pas
aux revendications prend seul la responsabilité d’un
conflit d’ensemble l’opposant à toutes les
catégories de personnels qui refusent sa loi de refondation.



En
réalité, loin de l’intérêt des enfants,
Monsieur Peillon organise une politique de recul social liée
aux mesures d’austérité décidées
par le gouvernement ; il s’agit de territorialiser l’École,
de la régionaliser, de transférer aux collectivités
territoriales, une partie de la responsabilité de l’Etat
en matière d’Education nationale au mépris des
garanties statutaires des personnels, au mépris de leurs
conditions de travail, au mépris de l’égalité
du droit à l’instruction pour tous les élèves
du pays quelle que soit la commune ou la région
dans laquelle vivent leurs parents.




Pour
FO, e
n tout état de cause, la seule issue au conflit
qui se poursuit et s’étend, c’est l’ouverture
immédiate de négociations et que soient suspendus tous
les aspects de la politique du Ministre qui met l’école
et ses personnels dans une tension permanente et dans l’incapacité
de répondre à leurs missions.





Enfin
ce 9 décembre 2013, je ne finirai pas mon intervention sans
rappeler que le 9 décembre 1905, voila 108 ans, le président
Émile Loubet promulguait la loi dite de séparation des
Églises et de l’Etat.

« La
République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne
aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier
qui suivra la promulgation de la présente loi, seront
supprimées des budgets de l’Etat, des départements et
des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice
des cultes »
.




Aboutissement
d’un combat des laïques et des lumières, cette loi a fait
rentrer la république dans la modernité laïque.
Cependant elle n’a cessé d’être écornée :
les lois Marie-Barangé, Debré, Guermeur, les accords
Lang-Cloupet, la loi Carle, particulièrement coûteuses ont
financé l’enseignement privé confessionnel à
hauteur de 8,5 milliards en 2012, l’équivalent de 180 000
postes. Ce
sont
autant de remises en cause de l’École de la République
.

La
FNEC FP FO rappelle que la position traditionnelle des laïques
se retrouve dans le slogan
«
fonds publics
à
l’École publique, fonds privés à l’école
privée »
,
conformément au serment de Vincennes le
19
juin 1960 par lequel près de 11 millions de
pétitionnaires
faisaient le serment solennel
« de
manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre
irréductible opposition à la loi Debré contraire
à l’évolution historique de la Nation ; de
lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à
son abrogation ;
et
d’obtenir que l’effort scolaire de la République
soit uniquement réservé à l’École
de la Nation, espoir de notre jeunesse. »




Monsieur
le Directeur académique,



M.
le Ministre de l’Éducation Nationale a initié sa
« charte de la laïcité » et vous
avez invité les collègues à instaurer, ce 9
décembre, « la journée nationale de
la laïcité ».

Pour
la FNEC FP FO, il est tout à fait regrettable que le ministre
n’ait pas jugé utile de faire figurer une référence
à cette loi dans la Charte de la Laïcité, ce qui
laisse entrevoir une conception quelque peu réductrice des
responsabilités de chacun, et en particulier de celles de
l’État.

La
FNEC-FP FO regrettent que le ministre lui-même ne fasse pas
appliquer la loi de 1905 et ne remette pas en cause les attaques à
la laïcité initiées par les lois Debré-Guermeur
….,

la
FNEC-FP FO, constate aussi que la mise en œuvre du Projet
Éducatif Territorial contenu dans la loi de refondation et
dans le décret relatif à la modification des rythmes
scolaires, ouvre la voie à l’introduction dans l’École
de la République, de multiples associations et fondations au
caractère laïque très discutable, mais néanmoins
financées par les collectivités territoriales. Il en
est ainsi pour l’association
diocésaine
«Jeunesse de Saint Vincent de Paul
»
pour laquelle le conseil
municipal
de Paris a
attribué une subvention de 13 400€
pour
sa participation au PEDT.

De
même, la FNEC-FP FO rejette les accords de partenariat du
ministre avec les groupes commerciaux et industriel, Total ou Nestlé
par exemple, pour tenter de financer ses réformes.

Pour
FO et les collègues, la laïcité c’est tous les
jours.



Pour
conclure, que ce soit sur la refondation de l’école, sur les
rythmes scolaires ou même sur la laïcité, M. le
Ministre devrait réaliser que pour mettre un terme de façon
durable et sérieuse au différend qui l’oppose aux
personnels, il serait bien aviser d’inverser la tendance et de
répondre enfin à leurs demandes. La
revendication est le moteur du progrès, le recul social son
antipode.

Documents joints