Déclaration ­FO au CTA du 15 décembre 2015



















Madame
la Rectrice,

Mesdames
et Messieurs les membres du CTA,



Ce
CTA se tient dans un contexte marqué par la décision du
gouvernement de prolonger pour trois mois l’état d’urgence,
fait sans précédent depuis plus d’un
demi-siècle.

Comme
notre confédération l’a rappelé par la voix de
son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, la
démocratie est un régime qui permet non seulement la
reconnaissance des divergences mais aussi leur libre expression.
C’est toute la différence entre démocratie et
totalitarisme.

Il
ne peut y avoir de démocratie sans liberté syndicale,
qui suppose le droit de revendiquer et de manifester, sans le droit
de grève, qui en est indissociable. Ce droit est inscrit dans
les conventions de l’OIT, il est aussi inscrit dans le statut général
de la Fonction publique.

Pour
sa part la FNEC FP FO considère qu’il ne peut y avoir, état
d’urgence ou pas, de trêve pour la défense des droits et
des revendications des personnels

D’ailleurs,
le gouvernement ne ménage aucune trêve dans ses
contre-réformes : code du travail, loi Touraine, PPCR et
salaires, réforme territoriale, réforme du collège,
ORS des PE… Dans tous les domaines, les ministres accélèrent
et multiplient les mauvais coups contre les salariés, contre
les services publics.



Avec
une permanence sans égale, état d’urgence ou pas,
textes parus ou pas, les
organisations
syndicales majoritaires appellent à la grève
nationale
le mardi 26 janvier 2016 pour le retrait de la réforme.
Aujourd’hui, comme hier, les personnels n’en veulent pas.
La
FNEC FP FO, avec l’intersyndicale nationale,


les appelle à se réunir en assemblées
générales, en heures d’information syndicale pour
organiser partout l’action nécessaire pour faire reculer le
gouvernement.




De
la même façon, notre syndicat du premier degré,
le SNUDI FO prend l’initiative de rassemblements devant les
inspections académiques,
contre l’école
des territoires, contre la mise en œuvre des rythmes scolaires
et des projets éducatifs territoriaux, contre le décret
modifiant les obligations réglementaires de service des
professeurs des écoles.



La
réforme du collège reste un point de fixation majeur :
en dépit de tout bon sens, le gouvernement s’accroche à
sa réforme. Le dispositif de formation-formatage est en train
de créer des situations extrêmement difficiles pour les
personnels, en particulier pour l’ensemble des collègues
enseignants et chefs d’établissement à qui vous tentez
d’imposer une position d’accompagnateurs de la mise en œuvre de
la réforme.

Bon
nombre de ces collègues, comme la majorité des
personnels, sont convaincus du caractère rétrograde et
destructeur d’une telle réforme. Ils en condamnent la logique,
dont ils commencent à percevoir, à l’instar de nos
collègues chefs d’établissement, les tensions et la
désorganisation qui vont en résulter.



Croyez-vous,
Mme la Rectrice, que c’est par l’organisation de jeux de rôle
dans le cadre de la formation-formatage du type « Votre
boulanger vous dit qu’il est contre la réforme du collège,
à vous de le convaincre du bien fondé de la réforme. »
que l’on va dénouer ce type de situations ?



Croyez
vous, Mme la Rectrice, que la préparation d’une rentrée
aussi importante, d’une rentrée censée modifier de
manière radicale et au même moment l’organisation de
tous les niveaux d’enseignement du collège, peut se faire dans
la sérénité quand le plus grand flou règne
pour l’ensemble des personnels ?



S’il
y a aujourd’hui urgence c’est bien urgence à entendre les
personnels, très majoritairement opposés, avec leurs
organisations syndicales, à la mise en œuvre de cette
réforme. Oui, il y a aujourd’hui urgence à tout
arrêter, à abroger la réforme du collège
et à reprendre enfin le dialogue avec les personnels et leurs
représentants. On ne peut pas à la fois, comme Mme la
Ministre, déclarer sa confiance envers les personnels et
refuser obstinément de dialoguer avec eux.



L’ordre
du jour de ce CTA porte entre autres sur le
régime
indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de
l’expertise et de l’engagement professionnel (RIFSEEP)

et sur
l’évolution de l’offre de formation sur le muretain.



En
ce qui concerne le RIFSEEP, nous tenons à rappeler que, au
CTM, ce nouveau dispositif n’a été approuvé par
aucune organisation syndicale représentative des personnels
concernés ; à l’exception de l’UNSA qui
s’est abstenue, l’ensemble des organisations syndicales
représentatives des personnels administratifs a voté
contre sa mise en place.

Le
gouvernement le met pourtant en place. Une nouvelle fois, chacun peut
constater à quel stade de sénescence en est le pseudo
« dialogue social » dans notre ministère.
Toutes les catégories de personnels sont touchées. La
FNEC FP FO s’oppose à cette nouvelle individualisation
des salaires.



En
ce qui concerne l’offre de formation dans le muretain, nous le disons
depuis plusieurs semaines, c
e
projet n’apporte aucune amélioration ni aux élèves,
ni aux personnels. Les
personnels,
les représentants des parents d’élèves,
les élèves du lycée Pierre d’Aragon le
refusent
.

Ces
transferts sont dictés par l’unique objectif de mettre en
œuvre l’austérité
en
créant de pseudo LPO
dont l’unique
finalité consiste à supprimer des postes et de faire
disparaître les lycées professionnels qui perdront leur
spécificité, noyés dans un lycée unique,
et de créer un corps de professeur unique contraire à
la prise en compte les spécificités des publics
scolaires.



Vous
présentez cette politique de multiplication des lycées
polyvalents en mettant en avant une soi-disant plus grande efficacité
de ces derniers ; les élèves y réussiraient
mieux. Cette assertion s’appuie sur un rapport de l’inspection
générale intitulé « Structuration des
établissements publics locaux d’enseignement, lycées
polyvalents, lycée des métiers. » paru en
octobre 2014.

Ce
rapport indique ceci : « Les données
nationales pour trois indicateurs (taux de réussite au
baccalauréat, taux de décrochage
en seconde et
taux de poursuite d’étude en
STS) montrent
apparemment un meilleur positionnement des
lycées polyvalents vis à vis
des lycées
professionnels.
Toutefois, certains facteurs (effectifs,
situation géographique, offre de formation) n’ont pu
être neutralisés et les séries chronologiques,
courtes, incitent à la prudence. 
»



Contrairement
à vos assertions, les rédacteurs de ce rapport restent,
quant à eux, extrêmement prudents. L’observation des
taux de réussite au baccalauréat professionnel de 2010
à 2013 incite effectivement à la plus grande prudence
car l’écart entre les LP et les lycées polyvalents pour
les sessions 2010, 2011 et 2012 est relativement stable (entre 1,1 et
1,7 points) et fait un bond spectaculaire à 7,4 points en
2013. Ce résultat est pour le moins étonnant, comment
se fait t-il que subitement le LPO soit devenu beaucoup plus
efficace ?

N’ayant
pas les résultats des années suivantes il est pour le
moins délicat d’en tirer de véritables conclusions.

Enfin,
il n’y a pas dans ce rapport de véritable recherche des
éléments qui pourraient expliquer l’écart de
résultats. En effet, les résultats au bac pro, le taux
de décrochage et le taux de passage en STS sont influencés
par les publics accueillis. Par exemple, en ce qui concerne les
résultats au bac pro, les sections avec un taux de pression
élevé présentent des candidats qui ont
potentiellement plus de chances de réussir. Une étude
sérieuse devrait se pencher sur les résultats comparés
de sections de bac pro qui présentent des similitudes, le
rapport ne le fait pas.
Tout comme
il
ne le fait pas non plus pour le taux de
décrochage et de passage en STS.



En
conclusion, l’assertion sur les meilleurs résultats des élèves
est donc peu fondée et extrêmement fragile, et ne
saurait justifier une politique de démantèlement des
LP, LP qui possèdent par contre des vertus bien démontrées.



Par
contre, ce que le rapport indique de manière très
claire, c’est la volonté de remettre en cause les statuts et
les corps particuliers : « La
polyvalence des établissements ne se conçoit que par
l’application des principes liés à la
diversité,
dotation unique pour permettre une meilleure intégration des
différents corps d’enseignants et un décloisonnement
de la répartition des services (organisation des
responsabilités et des espaces par pôles et niveaux, vie
de l’établissement partagée autour d’un
projet unique garanti par la lettre de mission du chef
d’établissement, …).




Ce
que nous disons donc depuis le début sur la tentative de
fondre les lycées professionnels dans un lycée unique
en opérant la fusion des statuts et des corps particuliers se
révèle donc l’objectif principal de cette entreprise,
entreprise dans laquelle les considérations pédagogiques
sur l’intérêt des élèves ne sont qu’un
emballage destiné à mettre en œuvre une politique
dont le mot d’ordre principal est l’austérité.



Pour
la FNEC FP FO, approuver le projet d’évolution de l’offre de
formation sur le muretain ne peut donc être envisagé.



Pour
la FNEC FP FO, la défense des revendications des personnels et
l’obtention de l’arrêt des contre-réformes est une
nécessité absolue, cette nécessité impose
de construire le rapport de force à même de faire
reculer le gouvernement. Lors du CCN de notre confédération
réuni le 8 octobre, la CGT FO a décidé de
préparer la grève interprofessionnelle, notre action se
situe résolument dans ce cadre.



Je
vous remercie de votre attention.