Déclaration de la FNEC-FP-FO au CTSD carte scolaire 1er degré du 3 février 2022

Monsieur l’IA-DASEN,
Mesdames et Messieurs les membres du CTSD,

Jeudi 13 janvier, la grève en raz-de-marée dans l’Éducation nationale a vu tous les personnels de ce ministère se dresser contre le chaos orchestré par Blanquer. Monsieur le Ministre, nous n’avons pas fait grève contre un virus. Nous avons fait grève parce que nous en avons assez des mesures prises par ce gouvernement. Assez d’être entravés dans notre travail. Assez du chaos! Assez d’être mal payés! Jeudi 13 janvier, il s’est passé à l’École la même révolte qu’à l’hôpital au sortir du 1er confinement.

Comme à l’hôpital public, la crise sanitaire n’a été que le révélateur du manque de moyens donnés à l’École. Il n’y a pas d’incompétence de la part du gouvernement, il y a une volonté de ne pas créer les postes alors même que des milliers de classes sont fermées par manque de remplaçants, et que le ministère appelle des retraités, des étudiants Bac +2 et des mères de familles. La FNEC-FP FO condamne cette précarisation et rappelle qu’il n’y a de plus aucune garantie que ces annonces soient suivies d’effets, faute de candidats… Quel mépris pour les personnels! Quel mépris pour les élèves et leurs parents!
Alors que les personnels font face, malgré un désordre indescriptible dans les écoles, les comités techniques qui se réunissent actuellement décident des suppressions de postes et de classes. Le SNUDI FO et sa fédération ne sauraient accepter ces fermetures incompréhensibles qui doivent être annulées. Pendant la crise, des centaines de milliards ont été donnés aux entreprises, notre ministre a lui-même rendu des dizaines de millions d’euros, et l’école doit se satisfaire de protocoles lancés avec le plus grand mépris pour les personnels mais aussi pour les élèves et leurs parents.

Ces millions qui ont été votés par le Parlement, il nous les vole, à nous, aux élèves, aux parents !
Pourtant, le même jour, le Président Macron tenait ces propos lors de la conférence des Présidents d’Université : « On ne peut pas rester dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants. » De même qu’il rend les malades responsables du chaos à l’hôpital, il accuse les étudiants d’être fauteurs de la maladie budgétaire de l’université.
Et parmi eux, Macron dénonce les boursiers! Il fixait aussi comme objectif principal à l’université la « professionnalisation » et annonçait la dislocation des organismes de recherche. Quelques jours plus tôt, dans une interview au Parisien, le même Président nous livrait sa vision de « l’école du futur ». Il faut « repenser la fonction des enseignants » face à un « système trop rigide » et « récompenser le bon travail, et distinguer ceux qui font un bon travail de ceux qui font un travail meilleur encore. » Les déclarations de Macron viennent parachever une suite d’attaques frontales contre l’École et l’université : Parcoursup, destruction du Baccalauréat, École des territoires en lieu et place de l’Ecole de la République en particulier avec la loi 3DS, inclusion scolaire systématique et sans moyen en lieu et place d’établissements spécialisés et de vrais soins, remise en cause des missions des agents de plus en plus soumis à l’arbitraire avec l’évaluation PPCR et sa logique « d’accompagnement », attaques contre leurs statuts notamment à travers les mesures du « Grenelle ».

C’est cette politique de destruction de l’Ecole de M. Macron et de M.Blanquer qui a été massivement rejetée le 13 janvier. Ils ont profité sans scrupule de la crise sanitaire, pour accélérer la destruction de l’Ecole. L’École, c’est le droit à l’instruction, ce sont les diplômes. Les diplômes, ce sont les qualifications, c’est le droit à un vrai salaire. Voilà ce que M. Macron et M.Blanquer veulent casser. Il faut les arrêter !

Le ministre prépare une rentrée 2022 catastrophique. Il entend afficher 1965 équivalents temps pleins (ETP) de moyens d’enseignements supplémentaires dans le premier degré. Faut-il comprendre 1965 créations de postes? Non! Car à la rentrée 2022, la réforme de la formation initiale des enseignants, issue de la loi Blanquer, s’appliquera. Outre le recul d’un an de l’accès au concours qui passe de la fin du Master 1 à la fin du Master 2 et la multiplication des postes occupés par des étudiants contractuels alternants, le temps de classe hebdomadaire pour les professeurs des écoles stagiaires sera dorénavant de 24h hebdomadaires devant élèves, soit un temps complet, au lieu de 12h hebdomadaires actuellement, c’est-à-dire un mi-temps.

Ainsi, en dépouillant les 4050 stagiaires de leur formation, en leur imposant de passer de mi-temps à temps complet en classe, le ministre récupère 2025 ETP de moyens d’enseignements. Ce sont donc 60 emplois d’enseignants du premier degré qui sont supprimés, et qui correspondent à la création de 60 postes d’inspecteurs de l’Education nationale notamment en lien avec « la poursuite des missions d’évaluations d’établissements ». Tout un programme…

Ces 1965 ETP supplémentaires annoncés par le ministre grâce à ce tour de passe-passe sont d’ores et déjà utilisés :

• 1243 ETP seront consacrés à l’amélioration des décharges de direction,
• 35 ETP seront destinés aux expérimentations des contrats locaux d’accompagnement dans les académies d’Aix-Marseille, Lille et Nantes
• 25 ETP seront réservés à des unités d’enseignement autisme ou des « dispositifs d’autorégulation ».
• Les autres ETP seront consacrés à finaliser le dédoublement des grandes sections en Éducation prioritaire et le plafonnement à 24 en GS, CP, CE1

Il n’y a donc aucune création de poste dans le 1er degré.

Alors qu’à l’heure actuelle les remplacements ne sont plus assurés et qu’on fait appel à des retraités, que les formations REP +, voire les décharges de direction sont annulées dans certains départements au mépris de la réglementation, que les absences syndicales sont entravées, que les classes sont surchargées, que les postes spécialisés manquent partout, que reste-t-il pour baisser les effectifs dans les classes, prendre en charge efficacement les élèves en difficulté ou en situation de handicap ? Que reste -t-il pour assurer le remplacement des enseignants absents sachant par ailleurs que le ministre persiste à affecter les remplaçants en priorité à la mise en œuvre des formations en constellations ou des évaluations d’école ?

Dans notre département aussi les tours de passe passe ne manquent pas. De la transformation d’une école à la fusion d’une autre, tous les moyens sont bons pour éviter une ouverture ou faciliter une fermeture. Vous y voyez une logique imparable, nous y voyons une logique comptable. De très nombreuses écoles n’auront pas les moyens d’avoir des GS, CP ou CE1 à 24 sans augmenter considérablement les effectifs des autres niveaux. Notre département a été doté des 60 ETP destinés à l’Académie et donc au détriment des autres départements qui devront assurer l’augmentation des décharges de direction, les GS CP et CE1 à 24 à perte. Malgré cela le compte n’y est pas et cela ne suffira pas, loin de là !

Vous avez proposé 120 fermetures de postes contre 153 ouvertures. Sauf erreur de notre part il vous reste donc encore 26 ETP. Suffiront-ils seulement à augmenter les décharges réglementaires de direction ?

Aucun poste de remplaçant créé cette année encore malgré un manque criant dans notre département. Ce manque a été mis en exergue par la pandémie actuelle mais les besoins sont structurels, vous en convenez. Pourquoi alors, ne pas créer ces postes ? Pensez-vous réellement qu’en déplaçant 4 postes d’HG8 et 1 d’HG15 et en les rapatriant à Toulouse vous allez régler le problème ? Pensez-vous ne serait ce que répondre aux besoins de remplacement d’une année sans Covid ?

L’année dernière vous vous étiez engagé à ne fusionner aucune école contre l’avis du conseil des maîtres , pourtant cette année certaines écoles n’étaient même pas informées d’un projet de fusion ou de transformation et d’autres subissent des pressions des IEN . Nous attendons que ces décisions de transformations et de fusion soient différés dans l’attente d’un avis du conseil des maîtres.

Dès à présent nous attendons de vous, Monsieur le Dasen que vous fassiez plus que « partager » le constat d’une École qui va mal et que vous réclamiez les postes dont notre département a besoin pour assurer le bon fonctionnement des écoles.

Plus que jamais, la FNEC-FP FO revendique :

• Un recrutement immédiat et à hauteur des besoins de personnels sous statut dans les écoles, les établissements et les services
• L’arrêt des protocoles inapplicables
• Ré-abondement des listes complémentaires pour tous les corps
• Mise en place de concours exceptionnels si nécessaire
• Les ouvertures de postes nécessaires et l’arrêt des fermetures
• Pas une classe à plus de 25 en maternelle comme en élémentaire
• L’augmentation générale des traitements, des salaires, des pensions et des retraites
• L’augmentation du point d’indice pour retrouver la valeur réelle du point d’indice en euros constants de l’année 2000, soit désormais 22,68 %
• L’augmentation indiciaire immédiate de 183€ pour tous les personnels sans contreparties
• Un vrai statut, un vrai salaire pour les AESH et les AED