Rythmes Scolaires : lettre au ministre

Montreuil le 09 avril 2010,

à Monsieur Luc Chatel Ministre de l’Education nationale 

Monsieur le Ministre,

Depuis
dix-huit mois l’entrée en application des 60 heures d’aide personnalisée
(décrets du 15 novembre 2008 et du 30 juillet 2008 D) et la suppression du
samedi matin ont considérablement dégradé les conditions de travail des
enseignants et des élèves et désorganisé les écoles.

Ces deux
heures hebdomadaires ont durablement alourdi la journée de travail. Ainsi, il
n’est pas rare que nos collègues soient, de ce fait, présents dans les écoles
jusqu’à 18h30 voire davantage alors qu’ils arrivent bien souvent dès 8h00 le
matin. Chacun sait que nombre d’enseignants du 1er degré sont contraints par le
niveau de rémunération d’assurer un service de cantine et/ou d’étude. De
surcroît l’aide personnalisée, en retirant 3000 postes de RASED, a reporté sur
les enseignants des écoles les missions des enseignants spécialisés qui
exerçaient en RASED accroissant d’autant leur charge de travail.

A ce temps
de présence prolongé sur leur lieu de travail s’ajoutent le temps de
préparation et le temps nécessaire aux corrections aboutissant à une amplitude
journalière considérable en particulier pour les jeunes collègues. Lors de la
réunion du groupe de travail sur le bilan de l’aide personnalisée, les
représentants de la DGESCO en ont d’ailleurs convenu. En réponse à ce constat, la circulaire
de rentrée 2010 publiée au BO du 18 mars demande aux recteurs et aux
Inspecteurs d’Académie de soutenir et d’accompagner « l’organisation de
la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi
matin) (…) chaque fois qu’elle rencontre l’adhésion
 » ainsi que
« les projets d’école qui prendront explicitement en compte
l’aménagement du temps scolaire (…) : semaine de neuf demi-journées,
horaires décalés, articulation avec l’accompagnement éducatif, etc. 
 » – « en relation avec
les collectivités locales, les parents d’élèves et les enseignants
 ».

Fixer le
projet d‘école comme cadre d’organisation de la semaine scolaire ne peut que
renforcer le lien de dépendance entre les projets d ‘école et les projets
éducatifs locaux. Cette interdépendance accrue entre projet d‘école et projets
éducatifs locaux, quelle que soit leur forme, n’est pas compatible avec des
obligations de service nationalement définies.

Nécessairement
les responsables politiques des collectivités tenteront de solutionner les
contraintes qu’ils subissent (service de cantine, transport scolaire, activité
péri scolaire …) en proposant une flexibilité accrue des obligations de
services des enseignants contradictoire au respect des obligations de services statutaires définies
nationalement.

De ce point
de vue le partenariat étroit avec les élus locaux préconisé par la circulaire
de rentrée, en ce domaine ne nous semble pas souhaitable. Bien souvent, les
projets de réorganisation de la semaine scolaire proposés par les collectivités
sont dictés par le souci de celles-ci de contractualiser et de coordonner au
niveau local des politiques éducatives dont la conséquence immédiate est de
générer la confusion entre les temps scolaires et périscolaires.

C’est la
raison pour laquelle tous les projets, toutes les tentatives d’instaurer une
nouvelle organisation de la semaine scolaire sur la base de 9 demi-journées ont
été rejetées ces derniers mois par la majorité des enseignants et des parents à
Lyon, Rennes, Grenoble, Angers, Brest ou Mulhouse… Et récemment encore en
Gironde.

A l’inverse
des fédérations de parents proposent une semaine sur quatre jours et demi avec
cours le mercredi matin et un temps scolaire quotidien qui n’excèderait pas 5
heures.

La
conférence nationale sur les rythmes scolaires, que vous annoncez dans les
médias, ne peut ignorer les conséquences néfastes de la mise en œuvre des deux
heures annualisées d’aide personnalisée et la demande de leur nécessaire remise
à plat.

Au vu de
ces éléments, pour le SNUDI Force Ouvrière, toute discussion sur les rythmes
scolaires ne saurait avoir pour conséquence : 


• de remettre en cause le rythme 7 semaines de classes /2 semaines de congés
ainsi que la période des congés d’été, 
• d’augmenter le temps de présence et de travail des enseignants en
généralisant, en particulier, le travail le mercredi, avec classe le matin,
animations pédagogiques l’après-midi… 
• d’annualiser le temps de service des enseignants des écoles, 
• de favoriser la confusion entre le scolaire et le périscolaire, 
• et enfin de faire dépendre les obligations de service des enseignants et leur
organisation des besoins des collectivités territoriales et des associations
diverses pour les placer sous la tutelle de celles-ci.

C’est
pourquoi nous souhaitons vous rencontrer sur cet important dossier le plus
rapidement possible.

Veuillez
agréer monsieur le Ministre, l’expression de ma parfaite considération. 


Norbert TRICHARD 
Secrétaire Général

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